Tu as mal aux jambes. Pensive, tu montes rapidement les marches, ignorant la douleur. Tu as hâte de revoir Elias. Tu te demandes s'il a beaucoup changé depuis le lycée, tu ne l'as pas revu depuis. En même temps, les circonstances sont étranges. Se retrouver après plusieurs années de séparation, dans la même ville, à des kilomètres de votre ancienne vie, cela peut porter à confusion. Alors tu te poses des questions. Tu ignores tout d'Elias. Peut-être est-il marié ? Cette pensée te fait sourire. Eh bien, tu espères au moins qu'il a fait le bon choix.

Sur le palier, tu hésites un instant. Le jeune homme t'a envoyé un mail, mais tu n'es pas sûre d'être vraiment la bienvenue. Il aurait pu seulement te demander des nouvelles par courrier électronique. Alors s'il veut te voir, c'est qu'il y a forcément autre chose. C'est même probable. Tu ne te souviens pas que ça soit vraiment son genre. Mais après tout, les mentalités changent. Toi aussi tu as changé, mais ça tu l'ignores complètement. Tu avances de quelques pas, fixant le bout de papier que tu tiens entre les mains. Dessus, tu as inscrit son adresse, tu n'as pas vraiment le sens de l'orientation. Alors tu lèves le regard, le cœur battant, et tu observes le couloir. Il n'y pas beaucoup de portes, mais bizarrement tu sais immédiatement laquelle mène à l'appartement d'Elias. Une sorte d'instinct.

Tu te recomposes un sourire, passes une main dans tes cheveux, et t'approche. Tu tends la main vers la sonnette. Ça y est, rapide mais efficace. Winter is coming, murmures-tu, et ça t'arrache un sourire. Un sourire plus sincère. Tu croises les bras alors qu'on t'ouvre la porte. Tu restes un moment silencieuse, détaillant le nouvel Elias de la tête aux pieds. Il a grandi, il s'est musclé. Il est beau. Et c'est ce que tu ne peux t'empêcher de penser quand, en arrêt sur son perron, tu n'oses pas ouvrir la bouche. C'est toujours étrange, des retrouvailles, mais là, tu ressens comme une explosion de joie en ton fort intérieur.

– Salut..., souffles-tu. Ça va pas ?

Tu remarques dans ses traits quelque chose, de la peine peut-être, ou bien un sentiment encore plus fort, un sentiment qu'on ne peut pas déloger d'un seul sourire. Elias a les traits tirés, et pourtant tu ne sais pas pourquoi, il y a quelque chose qui ne va pas et tu ne sais plus quoi dire. Tu quittes son visage des yeux pour jeter un coup d’œil à l'intérieur, par-dessus son épaule. Tu t'attendais à trouver un appartement en bordel constant, comme celui d'un célibataire, mais apparemment le jeune homme a fait des efforts pour ta venue. Et ça, tu apprécies.